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La Societé Historique du Pays de Salers (SHPS)

Les Hospitaliers II

29 Mars 2012, 10:58am

Publié par Stéphane VEYRET

Une organisation exemplaire :

 

La multiplication des dons constitue un important patrimoine foncier, développant l’influence de l’Ordre dans les royaumes d’Occident, où il accomplit aussi des missions d’aides aux malades. L’ensemble des domaines se compose de « commanderies » regroupées en « prieurés ». Dès la première donation faite par Godefroy de Bouillon, d'un casual (village fortifié) en Palestine et d'un fief en Brabant; l'ordre reçoit des forts pour défendre la Terre sainte et des fiefs pour assurer le revenu des aumônes. Ainsi pour assurer une gestion efficace, les supérieurs puis les grands maîtres confient cette gestion à des « gens de mérite et de probité » qui résidaient sur place. Cette praeceptoria dirigée par un praeceptor ou magister est à l'origine des commanderies au XIIIe siècle, qui chaque année envoyaient au siège de l’Ordre les responsions (impositions), représentant environ le 1⁄6 des revenus de la commanderie. Les commanderies assurent ainsi le transfert d’une partie des revenus, permettant l'entretien des garnisons, des hôpitaux et des auberges de l'Ordre[].

L’Ordre est particulièrement influent en France où près d’un tiers de ses commanderies sont établies (environ 650 au XVe siècle). Pour satisfaire à une plus grande équité et obéissance à ses règlements intérieurs, l'Ordre tient un conseil présidé par le grand maître. Toutes les questions graves qui pouvaient intéresser la discipline et l'administration de ses biens y étaient discutées, et le grand maître n'y avait d'autre privilège que de compter sa voix pour deux, en cas de partage dans les opinions émises. Ce n’est qu’en 1267, qu’un bref du pape Clément IV accorde le titre de grand maître au supérieur de l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, en la personne de Hugues de Revel (1259-1277). Ce dernier est élu à vie par le chapitre général de l’Ordre. La tradition va ainsi se perpétuer jusqu’à l’abdication de Ferdinand de Hompesch, dernier grand maitre de l’Ordre, en 1799.

Plus tard, le regroupement des chevaliers sur l’île de Chypre, pousse le grand maître Guillaume de Villaret (1300-1305) à réorganiser l’Ordre en sept langues ou « provinces », par décret capitulaire de1301. Cette division administrative est confirmée plus tard par le grand maître Hélion de Villeneuve en 1327, lors d’un chapitre tenu à Montpellier, et se compose des langues de Provence, Auvergne, France, Italie, Aragon, Angleterre (y compris Ecosse et Irlande) et Allemagne. En 1492 la huitième Langue est constituée avec celle de Castille provenant d’une séparation avec celle du Portugal et de la langue d'Aragon. L'Ordre frappait aussi monnaie et entretenait des relations diplomatiques avec les Etats de l’époque. Les autres charges de l'Ordre étaient attribuées aux représentants des différentes Langues. Chaque langue disposait d'une « auberge », un bâtiment que les frères de la langue partagent pour les réunions, les repas en commun et aussi l'hébergement. C’est sous la responsabilité d'un bailli conventuel appelé « pilier » et désigné à l'ancienneté (quinze ans minimum dont dix au couvent) par l'ensemble des frères de la langue, que se trouve représentée chaque langue et l’auberge. Les « piliers » reçoivent une allocation forfaitaire et des denrées alimentaires pour faire vivre l'« auberge ».

Ces régions parlant la même langue sont placées sous l’autorité d’un « pilier » :

Le pilier de la langue de Provence porte le titre de « Grand Commandeur » ou « Grand Précepteur », s’occupant de la gestion des finances et de la logistique, il est aussi appelé à remplacer le grand maître en cas d’absence ou maladie. Le pilier de la langue d’Auvergne est « Grand Maréchal », chargé des questions militaires; celui de France exerce la fonction de « Grand Hospitalier », responsable des hôpitaux et des soins dispensés aux malades. Le pilier d’Aragon assume celle de « Drapier », chargé de l’habillement, et « Grand conservateur », signant les billets de solde anticipée. Le pilier de la langue d’Italie porte le titre « d’Amiral » et commande les forces navales, tandis que celui d’Angleterre est le « Turcopolier », commandant des troupes auxiliaires de cavalerie légère, et enfin celui d’Allemagne occupe les fonctions de « Grand Bailli », chargé des fortifications.

Entre le XIVe et XVe siècle, la « langue d’Auvergne » fournit quatre Grand maîtres à l’Hôpital : Philibert de Nailhac (1396-1421); Jean de Lastic (1437-1454); Pierre d’Aubusson (1476-1503) et Guy de Blanchefort (1512-1513), neveu du précédent. De nombreux travaux de fortifications sont réalisés sous la maitrise de Pierre d’Aubusson, comme en témoigne le grand nombre d’édifices portant ses armoiries.

 

100px-Blason_Pierre_d-Aubusson.svg.png


Armoiries de Pierre d’Aubusson (source wikipédia)


La renommée des Hospitaliers, leurs exploits et bienfaits, s'étendaient dans tout l'Occident. Congratulés par les souverains et les princes, les Hospitaliers, animés d’un esprit de charité, fondent en Europe des établissements analogues à celui de Jérusalem, venant en aide aux pèlerins pour leur faciliter l’accès à la Terre Sainte, grâce à un réseau d’hospices, véritables succursales du grand hôpital de Jérusalem. Le 2 mai 1312, la richesse de l'ordre s'accrût encore par le transfert ad providam des biens des Templiers(exception faite des possessions d'Espagne et du Portugal, où deux ordres apparaissent sur les ruines du Temple : l’ordre de Montesa et l’ordre du Christ).

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