La Maison dite des Templiers
Dans son souci permanent de travail collaboratif, la Société Historique du Pays de Salers vous communique ici quelques éléments complémentaires relatifs à la description de ce que l'on appelle vulgairement la "Maison des Templiers".
Ces observations sont le fruit d'une réflexion architecturale et historique effectuée avec rigueur et font suite au descriptif consacré dans la revue "Le Médiéviste" voilà plusieurs années.
Cet article est une synthèse de différents témoignages dont principalement, la contribution de Philippe GARRIGUE.
L'association "Musée de Salers" qui gère le musée ne disposant pas d'un site internet, elle bénéficie d'une page de présentation sur le site internet de la commune (Texte anonyme). Les informations ne se recoupent pas systématiquement avec une autre page présentant les monuments de la ville (rédigée par Philippe GARRIGUE par contre).
Il est fait état d'une "commanderie", ce qui est un mot bien ambitieux pour qualifier ce qui tend à être une simple maison de rendez-vous pour le travail, la prière, la méditation... Le Cercle R. de Sablé (dont l'objet social est de s'attacher à l'étude de l'architecture templière) admet l'idée qu'un "relais" se soit trouvé à Salers, à mi-chemin entre Ydes et Carlat, compte-tenu des distances à parcourir en ce temps-là.
Le couloir de cette demeure ne comporte aucun tympan (le tympan est un espace encadré par les 3 corniches d'un fronton); quant aux figurines, le terme est inexact (figurine : très petite figure de terre ou de métal et souvent en arrière-plan), il faut parler de clef de voûte et culots d'ogives historiés...
La datation "époque Renaissance" est inexacte, nous n'y sommes pas encore, plutôt à la fin de l'époque gothique, époque de transition certes puisque la maison est du 1er quart du XVème siècle (~1420). La Renaissance ne viendra qu'en 1530 avec, notamment, l'Ecole de Fontainebleau.
Le couloir du XIIème (siècle sans doute) est qualificativement et architecturalement impossible, les travaux d'Albert MAUMENE (1928), d'Yvan CLOULAS (juillet 1990) ainsi que la délégation de la section "Patrimoine" de l'Ordre des Chevaliers de Malte (1991), ce couloir est bien du XVème, comme le reste de la Maison et donc surement pas Templier...
L'appellation "Maison des Templiers": Salers (ou Salern) n'est jamais nommé au moment des arrestations et confiscation des biens du Temple. Par contre, les uns et les autres s'accordent à penser qu'il y eut, dans ce périmètre, vu l'importance que prenait Salers, une maison de représentation des Templiers, maison en rapport avec la préceptorie (=commanderie) Templière du Monteil (complètement ruinée à ce jour) dans la commune de Saint-Remy-de-Salers.
La pharmacie exposée "où aucun objet ne manque" est une fausse affirmation, car il manque une vitrine tombeau (offerte par Aurillac) où l'on avait centralisé, diplôme de Raveyre, registres divers, liste des médecins de l'époque et autres objets et cachets... De plus, toutes les protections ordonnées par Madame MEZARD, en son temps, ont été supprimées.
Tyssandier est qualifié de "créateur", ce qui est faux, il est certes un rénovateur, avec toute une équipe autour de lui; on peut dire "inventeur" mais au sens étymologique du terme (inventore en latin = retrouver).
Pour ce qui est de la "race de la vache Salers", on devine derrière ce mauvais français, qu'il s'agit en effet de la race bovine Salers.
Enfin l'art contemporain évoqué n'occupe pas un étage mais simplement une pièce.
Par ailleurs, le saint Patron des Templiers et de la plupart des ordres de chevalerie est Saint-Georges, cruellement absent de l'histoire de Salers mais présent aux alentours, sur des sites qui ne nous sont pas connus systématiquement comme "Templiers": le Col de Saint-Georges à mi-chemin entre Saint-Projet-de-Salers et Le Fau, les paroisses Saint-Georges à Méallet, à Riom-ès-Montagnes et à Ydes (site Templier)...
La récente découverte d'une peinture dans l'une des chapelles de la paroisse n'enrichit pas notre débat sur la présence templière puisque ce serait Saint-Michel (à pied et ailé) terrassant son frère déchu Lucifer et non pas Saint-Georges (à cheval) terrassant le dragon...
En somme, si cette demeure offre un cachet certain, son appellation est clairement usurpée autant que les interprétations fantaisistes qui veulent donner à sa construction une genèse médiévale et symbolique qui n'existe pas et qui ne repose sur aucun argument sérieux.
Ps: Nous vous invitons à profiter de l'image illustrant cet article, nous y découvrons un très joli couloir décoré, la première impression que l'on a en le découvrant est, "est-ce un couloir initiatique" comme à Salers? Celui-ci, au centre du très célèbre château d'Azay-le-Rideau n'a rien de symbolique, c'est un couloir d'apparat ... du XVIème siècle...